Au Cœur de l'Histoire :
Guide Pratique du
Parcours du Héros
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Bob Bates
Robert "Bob" Bates a commencé à concevoir des jeux en 1986 pour Infocom. Il es l'un de premiers à avoir conçu de la fiction interactive pour les jeux. En 25
années, il a été crédité sur plus de 40 titres comme développeur
indépendant, concepteur de jeux, programmeur, producteur, directeur
de studio, et consultant. Il a été élu à deux reprises président
de l'IGDA et est l'auteur du best-seller Game Design : The Art and
Businesss of Creating Games qui est un ouvrage fréquemment référencé dans les game studies.
En décembre 2010, il devient le Directeur Créatif des studios externes de Zynga.
Ce mois, vous retrouverez la première partie d'un article publié en juin 2005 sur gamasutra.com.
Dans cet extrait, Bob Bates nous sensibilise à l'importance du mythe dans les fondations de notre société et la quête de soi. Relié au jeu, il nous explique pourquoi le parcours du héros est un élément immersif important pour l’expérience du joueur.
Vous pouvez retrouvez le seconde partie de cet article en suivant ce lien :
Au Cœur de l'Histoire : Guide Pratique du Parcours du Héros 2/2.
Vous pouvez retrouvez le seconde partie de cet article en suivant ce lien :
Au Cœur de l'Histoire : Guide Pratique du Parcours du Héros 2/2.
Source : gamasutra.com
Depuis
quelques années, je passe mon temps à lire et à conter des
ouvrages traitant du parcours du héros, mais ce concept a toujours été
flou pour moi.
Il y a toutes ces étapes par lesquelles le héros devrait passer (ou pas), et tous ces personnages qu'il est
susceptible de rencontrer : le Mentor, le Gardien du Temple, le
Métamorphe, le Filou etc...
Mais
ensuite, on nous dit qu'il ne devrait pas nécessairement croiser
tous ces personnages, ou que ces différents personnages légendaires
pourraient être regrouper en un seul individu, et tout cela semble
si confus qu'il devient difficile de savoir quoi en faire.
Décryptage
intéressant mais en quoi cela nous aide t-il?
Aussi,
notre question d'aujourd'hui est :
En tant qu'écrivain ou game
designer, quel usage pratique pouvons-nous tirer du parcours du héros?
Pourquoi
le parcours du héros est si important?
Qu'est-ce
qui rend son parcours si important?
Pourquoi devrions-nous
nous en soucier?
C'est
important parce que les légendes sont fondamentales.
Les
légendes véhiculent les valeurs de la société, elles incarnent
la façon dont nous apprenons à nous connaître les uns les autres,
ce que nous sommes et la manière dont nous devrions nous comporter.
Les légendes orientent nos actions. Il ne s'agit pas là de vieilles histoires
poussiéreuses dans un livre, ou de temple à l'abandon dans une
contrée éloignée.
En
Amérique, 62% des gens croient aux écrits de la Bible, et que cela
a été un facteur déterminant pour l'élection de George Bush à la
Maison Blanche.
Les
auteurs d'attentats suicide en Irak sont tellement persuadés de la
sainteté de leurs actes qu'ils sont persuadé que le jour J, ils iront au Paradis auprès d'Allah.
Et les développeurs de jeux sont
persuadés que si nous travaillons un peu plus durement, on pourra
bientôt toucher des droit d'auteurs.
Dans
son ouvrage The Cry for Myth, Rollo May repartit les légendes dans quatre domaines que nous retrouvons dans la vie moderne :
- Les légendes donnent du sens à notre personnalité, en répondant à la question : "Qui suis-je?".
- Les légendes mettent en application notre sens de la communauté. Lorsque nous manifestons notre soutien pour notre ville, notre nation ou notre équipe, nous sommes en train d'adopter une posture mystique.
- Cette loyauté envers nos amis ou la communauté est le résultat de mythes forts qui renforcent le lien social.
- Les légendes sont au dessus de nos valeurs morales.
- Les légendes nous permettent de traiter des mystères insondables de la création et de la mort.
L'Appel de Chtulhu, nouvelle fantastique de Howard Philips Lovecraft |
Il
s'avère que les histoires sont proches de nous. Les domaines de la
biologie évolutive et de la psychologie nos disent qu'il y a un
avantage adaptatif aux histoires.
Le
biologiste évolutif William Hamilton a découvert et démontré la
théorie de « la sélection de parentèle ».
Avant
Hamilton, cette aptitude se mesurait lorsqu'une créature
particulière transmettait ses gènes – ce qu'on nomme
familièrement la sélection naturelle.
Hamilton
a introduit l'idée de la « valeur sélective inclusive »,
ce qui signifie que la mesure la plus juste de la sélection
naturelle est l'habilité d'un gène à promouvoir la survie de sa
copie, probablement issu de la fratrie immédiate, voire des cousins.
StevenPinker écrit que : « La grande majorité des actes altruistes dans
le monde animal bénéficient d'une interprétation de la sélection.
Les exemples les plus extrêmes sont les insectes sociaux comme les fourmis ou les abeilles, où les ouvrières s'investissent pleinement dans la colonie. »
Les exemples les plus extrêmes sont les insectes sociaux comme les fourmis ou les abeilles, où les ouvrières s'investissent pleinement dans la colonie. »
En
appliquant cela à l'humain, Je dirais que les personnes qui ont réalisé qu'en vivant près des zones où sont installés les animaux
les plus dangereux tout en les évitant, survivaient plus longtemps
que ceux qui ne se mettaient pas en danger.
Et
les individus qui sont passé de groupe à tribu pour communiquer les
uns les autres sur ce qu'ils avaient appris, survivaient encore plus
longtemps.
Mais
les gènes de ces personnes qui agissent de façon à préserver leur
tribu ( plutôt qu'individuellement) sont celles qui à terme
survivrons le plus longtemps, et ce sont ces gènes que nous portons
tous en nous aujourd'hui.
Les tribus qui ont trouvées les méthodes pour encourager les gens à agir pour le bien de la tribu, plutôt que pour le bien de l'individu, sont les tribus qui ont survécues.
Comment ont-elles accomplis cela?
Grâce aux mythes, aux paraboles et aux histoires - pas uniquement les histoires au sujet de l'endroit où se balade le mammouth à laine, et de la meilleur méthode pour le tuer-, mais des paraboles, tel le Bon Samaritain, qui nous conseille de veiller à l'autre, et les poèmes épiques comme Beowulf, qui ne fait pas que raconter une belle histoire, mais qui représente un modèle pour notre comportement.
Le légende de Beowulf |
Dans
son ouvrage The Key, James Frey écrit que « Les actes de bravoure
de Beowulf transmettent aux autres membres de la tribu la manière
dont ils devraient agir. Tel Beowulf, ils doivent être dévoués,
braves, combattre le Mal et ainsi de suite.
Les Héros sont nos modèles : leurs histoires transmettent à chaque génération qui se succèdent les valeurs culturelles de la tribu ».
Les Héros sont nos modèles : leurs histoires transmettent à chaque génération qui se succèdent les valeurs culturelles de la tribu ».
Si
vous parvenez à convaincre un individu que le groupe aura plus de
chance de survivre s'il se sacrifie, c'est une responsabilité sociétale
extrêmement puissante et efficace.
Par
définition, nous sommes les descendant.s biologique des tribus qui
ont conter des histoires pour survivre.
Carl
Jung a déclaré que la finalité des mythes sont des éléments
structurels de la psyché. En fait, il va même plus loin en
affirmant qu'il y a des modèles qui sont biologiquement présents
dans nos cerveaux.
Il
a nommé ces modèles « l'inconscient collectif ». Tout
comme Pinker croit que les humains ont une capacité pour la
grammaire associée à nos cerveaux, attendant un langage particulier
pour s'exprimer, Jung croit que nous avons une structure mythique
organisée en nous, qui n'attends qu'un système de croyance
spécifique pour s'imprimer en nous via la culture dans laquelle nous grandissons.
Prometheus |
Frey
affirme que « lorsqu'un humain entends une version d'une
légende, cela raisonne à un niveau très profond dans son
inconscient, et il est fortement attiré par elle comme par magie. La
puissance du mythe est irrésistible. Les formes et les structures allégoriques sont les fondations sur lesquelles toutes histoires
sont créées; ces formes et structures sont la clef qui permettent
au conteur de raconter une fiction éloquente ».
Aussi,
raconter des histoires est un élément donnant du sens à notre
vie, et est raccordé à nos cerveaux. C'est quelque chose que nous
sommes contraint de gérer, au même titre que la toile est associée
à l'araignée, où la construction du nid aux oiseaux.
A
quel point les histoires sont-elles puissantes?
Sans elles pour nous guider, nous sommes paumés.
Sans elles pour nous guider, nous sommes paumés.
Rollo
May affirme que pour rester sain d'esprit, chaque individu doit
rapporter de l'ordre et de la cohérence dans les différents flux de
sensations qui pénètrent son inconscient.
« Chacun
d'entre nous est à présent responsable de faire pour l'ensemble de
la communauté ce qui dans les ages prétendants a été fait par la
famille, les personnalités, l'église et l'état – à savoir,
créer pour nous-même les légendes qui vont donner du sens à
l'expérience. »
Rollo
May ajoute que, « les légendes ont pour tâche essentielle de
tenter de créer des pensées qui vont au delà de nos vies et de nos
actions, dans un monde qui ne remarque ou ne prête pas attention à
cela. »(...)
Si
vous supprimez les légendes à l'homme, il deviendra fou, dépressif,
et perdra le goût de vivre.
Chacun d'entre nous a besoin de croire que nous sommes important, et que nos vies ont un sens.
Nous retrouvons ces valeurs dans les légendes personnelles que nous nous créons. Et nous recherchons activement des pratiques qui renforcent ces allégories.
Les activités les plus connues qui renforcent ces mythes sont la narration et la littérature.
Chacun d'entre nous a besoin de croire que nous sommes important, et que nos vies ont un sens.
Nous retrouvons ces valeurs dans les légendes personnelles que nous nous créons. Et nous recherchons activement des pratiques qui renforcent ces allégories.
Les activités les plus connues qui renforcent ces mythes sont la narration et la littérature.
Je
crois que les jeux entrent dans cette catégorie et je vais
m'expliquer dans une minute.
Mais avant cela, jetons un œil au rôle de la littérature.
Mais avant cela, jetons un œil au rôle de la littérature.
Dans
son ouvrage Myth and Modern Man, Raphael Patai a écrit : « La littérature a le pouvoir de nous
émouvoir profondément, en particulier pour ces qualités
légendaires grâce au mystère auquel nous sommes confrontez qui
nous procure un plaisir troublant ou de la terreur.
La véritable fonction de la littérature dans les affaires humaines est de maintenir les légendes vivaces pour justifier la présence de l'homme dans un monde qui l'ignore. »
La véritable fonction de la littérature dans les affaires humaines est de maintenir les légendes vivaces pour justifier la présence de l'homme dans un monde qui l'ignore. »
La
littérature démontre qu'il y a de l'ordre dans l'univers, en
d'autre termes, que dans la vie, les choix moraux aboutissent.
Dans la fiction, les actions humaines sont justifiées. Parce que les légendes nous aident à donner du sens à nos vies – dans un univers qui ne sait même pas que nous sommes là – les légendes dans nos histoires réaffirment les valeurs de notre culture, et nous expliquent « la façon dont nous devrions nous comporter ».
Dans la fiction, les actions humaines sont justifiées. Parce que les légendes nous aident à donner du sens à nos vies – dans un univers qui ne sait même pas que nous sommes là – les légendes dans nos histoires réaffirment les valeurs de notre culture, et nous expliquent « la façon dont nous devrions nous comporter ».
Il
s'avère qu'il existe une composition mythologique universelle qui
contient des légendes vertueuses et populaires, et le parcours du
héros est le moyen le plus utile pour obtenir une structure
exploitable pour créer de nouvelles histoires.
En
quoi est-ce important pour les jeux?
Rollo May a émis l'hypothèse que les narcotiques sont des substituts aux légendes, parce qu'ils permettent aux individus d'imposer un contrôle sur leur environnement, même si cela est pour un court laps de temps.
J'affirme que les jeux sont un autre exemple de substituts aux allégories.
Dans son ouvrage Killing Monsters, Gérard Jones décrit comment les jeux violents ont finalement aidé le jeune garçon nommé Jonathan :
Rollo May a émis l'hypothèse que les narcotiques sont des substituts aux légendes, parce qu'ils permettent aux individus d'imposer un contrôle sur leur environnement, même si cela est pour un court laps de temps.
J'affirme que les jeux sont un autre exemple de substituts aux allégories.
Dans son ouvrage Killing Monsters, Gérard Jones décrit comment les jeux violents ont finalement aidé le jeune garçon nommé Jonathan :
« Les jeux permettent à Jonathan de prendre le contrôle des événements où lui et les autres n'ont pas de prise et, peut-être même encore plus important, ils lui permettent de contrôler ses propres sentiments. »
Voici
le cœur du sujet (et les étudiants peuvent prendre des notes, parce
que cela est sans doute une nouveauté).
Je suis persuadé que les jeux sont essentiellement une activité qui vient renforcer les légendes. Et je crois que les joueurs ont tendance à choisir des types de jeux qui réaffirment leurs propres rêves.
Je suis persuadé que les jeux sont essentiellement une activité qui vient renforcer les légendes. Et je crois que les joueurs ont tendance à choisir des types de jeux qui réaffirment leurs propres rêves.
Pour
certain, il s'agira simplement de remettre de l'ordre dans le chaos.
Pour eux, Tetris est une bonne façon d'accentuer cette croyance, en
donnant la possibilité de développer une forme de contrôle dans un
monde de chaos.
Mais
Tetris ne va pas accentuer la croyance que, par exemple, « Le
bien de tous est plus important que le bien d'un seul », ou
bien qu' « il est mieux d'avoir aimé et perdu, plutôt que de
ne pas avoir aimé du tout ».
Si vous souhaitez renforcer de façon plus complexes et plus profondes les allégories, pour créer une expérience de jeu plus intéressante, vous devez y intégrer des histoires.
Pour
concevoir ces histoires, vous devez comprendre comment les légendes
sont liées et communiquent entre elles. Voilà pourquoi le parcours
du héros est important.
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